03/10/2025

Le rôle du greffier : de la publicité BODACC à la mise à jour du RNE

Le greffier, acteur essentiel de la vie des entreprises

Le greffier est un officier public et ministériel, généralement rattaché à un tribunal de commerce. Sa fonction se situe au cœur de la légalité et de la transparence dans les affaires commerciales. Il a le pouvoir d’authentifier les actes et d’assurer la tenue des registres nécessaires à l’organisation de la vie économique. Cette position à l’interface entre l’entreprise, l’administration et le grand public rend son rôle unique et indispensable.

Lorsque vous déposez une demande d’immatriculation auprès d’un tribunal de commerce, c’est le greffier qui reçoit et examine votre dossier. Il s’assure que tous les documents requis sont présents, que votre projet d’entreprise respecte les dispositions légales et que toutes les déclarations (capitaux, dirigeants, activité…) sont correctes. De plus, en cas de changement de forme juridique, de siège social ou de dirigeant, c’est encore le greffier qui sera en charge de réceptionner, vérifier et valider les pièces justificatives. Sans cette validation, aucune modification ne pourrait être officiellement reconnue et publiée.

Le greffier joue également un rôle éducatif et préventif : il informe sur les pièces manquantes, veille au respect des délais légaux et oriente parfois les dirigeants d’entreprise vers des professionnels qualifiés (avocats, experts-comptables, notaires) lorsque des questions techniques se posent. Sa position n’est pas seulement « administrative » ; il est aussi garant de la régularité et de la sincérité des informations. C’est pour cela que la profession de greffier est tant respectée et fait l’objet d’un encadrement juridique strict.

Les missions clés du greffier : publication BODACC et au-delà

Parmi les missions qui incombent au greffier, la publicité des actes au BODACC est l’une des plus visibles. Le BODACC est une publication officielle mettant à la disposition de tous, sous forme électronique ou papier, les informations capitales relatives à la vie des sociétés. Il recense par exemple :

  • Les ventes et cessions de fonds de commerce,
  • Les créations d’entreprises,
  • Les modifications statutaires (changement de gérant, transfert de siège social, etc.),
  • Les avis de redressement ou de liquidation judiciaire,
  • Les opérations de fusion ou de scission d’entreprises.

Pourquoi publier ces informations au BODACC ? L’objectif est de protéger les tiers, qu’il s’agisse de partenaires commerciaux, de clients ou de concurrents, en leur fournissant une information à jour sur la situation juridique des entreprises. D’un point de vue plus large, cette mesure contribue à la sécurité des transactions économiques et consolide la confiance dans le système marchand. Les données publiées sont accessibles à tous et permettent d’éviter bon nombre d’abus ou de fraudes.

Le greffier transmet les annonces à publier au BODACC après avoir vérifié, le cas échéant, la légalité et la cohérence de la demande de publication. Une fois publiée, l’annonce acquiert un effet opposable à tous : nul ne peut ignorer ce qui est paru au BODACC. C’est un mécanisme de simplification et de sécurisation qui s’applique tant aux TPE qu’aux grandes entreprises.

Au-delà de cette publication, le greffier a pour mission de tenir et de mettre à jour les divers registres légaux, parmi lesquels figure en bonne place le RNE. Ce dernier recense toutes les informations juridiques liées aux sociétés immatriculées en France. Dès la création ou la modification d’une entreprise, les données doivent être consignées dans ce registre.

Une interface entre les entrepreneurs et l’État

On compare souvent le greffier à un « guichet unique » car il se trouve à l’interface entre l’entrepreneur, l’État et les institutions. Même si de plus en plus de démarches peuvent s’effectuer en ligne, la validation finale repose fréquemment sur l’action du greffier. Par exemple, lorsqu’une société est créée, les statuts doivent être enregistrés et toutes les informations doivent être transmises au Centre de Formalités des Entreprises (CFE), qui les relaye ensuite au greffier. Celui-ci vérifie alors la cohérence du dossier, émet un récépissé et s’assure de la publication au BODACC. Enfin, il procède à l’inscription au RNE, conférant ainsi une existence légale à la société.

Dans une optique de sécurisation des échanges, le greffier contribue grandement à la qualité de l’environnement économique. Les actions qu’il initie ou supervise, comme la publicité BODACC, sont conçues pour renforcer la transparence des opérations. Lorsqu’une entreprise change de dirigeant, par exemple, cette information doit être transmise rapidement : si un créancier ou un prestataire veut engager une action contre une société, il doit savoir à qui s’adresser légalement. C’est là qu’intervient la mise à jour du RNE, encore sous la responsabilité du greffier.

Des formalités parfois complexes

Du point de vue d’un entrepreneur ou d’un gestionnaire, les formalités administratives peuvent vite se révéler chronophages. En effet, la législation française regorge de dispositions précises, et chaque situation doit être traitée avec la plus grande rigueur. Se tromper dans le libellé d’un objet social, négliger une pièce justificative ou omettre une déclaration peut ralentir tout un processus de création ou de modification de société. Pour limiter ce risque, il est crucial de s’entourer de professionnels compétents, mais aussi d’apprendre à tirer parti de l’intervention du greffier.

Le greffier intervient comme un vérificateur impartial. Il s’assure que le dossier est complet et conforme, ce qui signifie que si une erreur est repérée, elle devra être corrigée avant qu’un document ne puisse être validé et transmis au BODACC ou mis à jour dans le RNE. Dans certains cas, le greffier peut même conseiller d’ajouter ou de modifier certaines informations pour se plier aux obligations légales. Cela peut sembler contraignant, mais cette étape évite bien souvent des complications futures, notamment lors d’une vente de fonds de commerce ou d’un changement de forme juridique.

La publicité BODACC : un enjeu de transparence pour l’entreprise

La publicité BODACC est un pilier majeur de la transparence économique. Dès l’instant où une entreprise accomplit un acte important (transfert de fonds, cession, liquidation), l’annonce légale paraît dans le Bulletin officiel pour informer l’ensemble des parties prenantes. De nombreux investisseurs et partenaires consultent régulièrement le BODACC pour se tenir informés des cessions, des redressements ou encore des opportunités de rachat.

Les annonces au BODACC sont classées selon différents types de bulletins :

  • BODACC A : il couvre principalement les immatriculations, les actes de liquidation judiciaire ou de redressement, ainsi que les ouvertures de procédures collectives ;
  • BODACC B : il englobe entre autres les avis relatifs aux modifications (changements de forme, d’administrateurs…) et les dissolutions ;
  • BODACC C : il est consacré aux avis de ventes et cessions de fonds de commerce, ou encore de gérance.

La diffusion des annonces par voie dématérialisée a considérablement facilité l’accès à l’information. Tout un chacun peut aujourd’hui consulter ces données en quelques clics et obtenir des notifications automatisées. À noter toutefois que cette publicité n’est pas gratuite : pour chaque annonce, l’entreprise doit s’acquitter de frais de publication, dont le montant varie en fonction de la nature et de la longueur de l’annonce. Le greffier répond également de la bonne tenue de ces publications, ce qui garantit leur fiabilité.

Autrement dit, la publicité BODACC, validée par le greffier, joue un rôle de « boîte de résonance » pour tous les mouvements stratégiques d’une entreprise. Tel partenaire a-t-il changé d’actionnaire ? Une société concurrente a-t-elle fait l’objet d’un plan de redressement ? Toutes ces informations sont rendues publiques de façon officielle et incontestable. Cela contribue à sécuriser les transactions : personne ne peut dire qu’il ignorait une restructuration ou une cessation de paiements. La mention au BODACC fait foi.

Le RNE : un registre incontournable pour les professionnels

La mise à jour du Registre National des Entreprises (RNE) est une autre facette importante du travail du greffier. Bien que le Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) soit souvent évoqué, le RNE constitue à la fois un outil plus large et plus récent, visant à centraliser l’ensemble des données relatives aux entreprises françaises.

En pratique, le RNE rassemble des informations sur :

  1. La dénomination sociale,
  2. L’objet social,
  3. Les dirigeants (gérant, président, directeurs généraux, etc.),
  4. Le capital social,
  5. Les données de localisation (siège, établissements secondaires),
  6. Les changements statutaires ou structurels.

Chaque fois qu’une entreprise modifie l’un de ces éléments, elle doit en informer le greffier, qui examinera la conformité du dossier et mettra à jour le RNE. Cette mise à jour a des effets majeurs sur la crédibilité de l’opération : elle garantit qu’aucun tiers ne sera dans l’ignorance quant à la nouvelle structure de la société. Parallèlement, cette transparence permet aux investisseurs, fournisseurs et clients de consulter rapidement l’identité et la situation d’une entreprise avec laquelle ils envisagent de contractualiser.

Le RNE joue aussi un rôle statistique et informatif pour les pouvoirs publics et les organismes de recherche, car il donne une vision synthétique du tissu économique français. Sans cette base de données mise à jour par les greffiers, il serait beaucoup plus compliqué de suivre l’évolution du marché, de repérer les activités stratégiques ou même de prévenir certains comportements frauduleux.

Comment fonctionne la mise à jour du RNE ?

Chaque démarche de mise à jour suit un processus bien défini :

D’abord, l’entreprise identifie l’élément à modifier : cela peut être un simple changement de dirigeant ou une opération plus lourde comme une fusion. Elle remplit les formulaires adéquats (souvent disponibles sur Internet via le CFE compétent) et constitue un dossier avec les pièces justificatives exigées (nouveaux statuts, procès-verbaux d’assemblée générale, justificatif d’adresse, etc.).

Ensuite, le dossier est envoyé ou déposé physiquement auprès du greffe du tribunal de commerce concerné. Le greffier analyse chaque pièce fournie et vérifie la concordance des informations par rapport aux obligations légales et strictes. Si le dossier est complet et conforme, il valide la mise à jour du RNE et, si nécessaire, enclenche la publicité au BODACC. Dans le cas contraire, il peut demander des compléments ou corrections, retardant d’autant la finalisation de la formalité.

Les délais de traitement et leurs conséquences

Les délais de traitement peuvent varier d’un greffe à l’autre, selon la charge de travail locale et la complexité de la demande. Parfois, le processus est bouclé en quelques jours, tandis que dans d’autres cas plus complexes, il peut s’étendre sur plusieurs semaines. À titre d’exemple, un changement de gérant simple prend généralement moins de temps qu’une fusion impliquant plusieurs entités et nécessitant la vérification de nombreux documents.

Attention, ces éventuels retards peuvent avoir des conséquences pour l’entreprise. Par exemple, si vous avez besoin de prouver à un client ou à un banquier la nouvelle direction de votre société, vous devrez attendre l’avis de situation mis à jour, document qui ne sera disponible qu’après la validation du greffier. Si la formalité tarde, cela peut suspendre la signature de contrats ou l’accès à de nouveaux financements.

Dans le cadre de mon expérience professionnelle, j’ai accompagné une PME qui devait obtenir un prêt bancaire rapidement pour financer le lancement d’un nouveau produit. Or, le dirigeant venait de céder ses parts majoritaires et le banquier exigeait de voir les statuts à jour ainsi que l’extrait Kbis rectifié. Tant que la modification n’était pas inscrite au RNE, l’extrait Kbis n’était pas actualisé, et le gérant a dû patienter près d’un mois pour réunir tous les justificatifs attendus. D’où l’importance de ne jamais négliger ce processus, et de s’y atteler au plus tôt.

Les bénéfices d’une mise à jour réactive

À l’inverse, être proactif dans ses relations avec le greffier présente de nombreux avantages. Une entreprise qui finalise rapidement ses formalités donne un signal positif à ses partenaires. Elle prouve qu’elle est en règle, transparente et sérieuse. De plus, ce dynamisme assure une meilleure visibilité au BODACC, car la publication y sera effectuée dans un délai raisonnable. Ainsi, tout écart potentiel entre la réalité de la société et sa représentation juridique se réduit, ce qui contribue grandement à la fiabilité des relations commerciales.

Il est parfois possible de simplifier ses démarches en délivrant au greffier un dossier impeccable du premier coup. Pour cela, nul besoin d’avoir un doctorat en droit : un bon accompagnement juridique, une checklist adaptée et une bonne communication avec le greffe peuvent faire des merveilles. Les entrepreneurs qui ont compris l’importance de cet aspect sont souvent ceux qui gagnent du temps précieux et ne s’exposent pas à des surcoûts inutiles.

Le rôle pédagogique et humain du greffier

Si le greffier incarne une « autorité légale », son rôle est aussi éminemment humain et pédagogique. Contrairement à l’image caricaturale d’un fonctionnaire froid, il est souvent le premier interlocuteur face à des entrepreneurs qui créent leur société ou traversent une situation complexe (procédure collective, désaccord entre associés, etc.). Au-delà des formalités, il peut être amené à rappeler les obligations légales, à aiguiller vers des solutions ou à suggérer un accompagnement spécifique. Cette posture d’écoute et de conseil reste toutefois bornée par la neutralité qui incombe à sa fonction d’officier public.

J’aime voir le greffier comme un allié objectif : il ne prendra pas parti dans un conflit entre actionnaires, mais il veillera à ce que chaque étape soit correctement documentée et conforme au droit. Pour la plupart des dirigeants, pouvoir s’appuyer sur cette expérience est un avantage considérable. Dans les cas de litige, il peut même être sollicité pour apporter des preuves légales, en attestant l’historique des actes signés et des publications effectuées. Sans ces archives fiables, beaucoup de contentieux seraient ingérables.

Exemples concrets de formalités courantes

Pour illustrer concrètement le rôle du greffier, voici quelques situations fréquemment rencontrées :

Changement de gérant dans une SARL :

Imaginons une SARL où le gérant historique souhaite prendre sa retraite. Les associés votent en assemblée générale la nomination d’un nouveau gérant. Les statuts doivent être modifiés, et l’entreprise doit fournir un procès-verbal d’assemblée au greffe, accompagné des pièces d’identité du nouveau gérant. Après validation, le greffier met à jour le RNE et fait publier la nomination au BODACC, rendant le changement opposable aux tiers. C’est seulement à partir de là que le nouveau gérant pourra légitimement signer au nom de la société, ouvrir une nouvelle ligne de crédit ou engager la responsabilité de la SARL.

Transfert de siège social :

Une jeune SAS en pleine expansion souhaite déménager son siège social d’une région à une autre. Là aussi, un dossier de modification doit être déposé au greffe pour être enregistré et publié. Le greffier exige plusieurs justificatifs, comme le nouveau contrat de domiciliation ou le bail, afin de prouver l’adresse réelle. Après contrôle, le greffier inscrit la modification sur les registres, et l’avis de transfert paraît au BODACC. Les clients et les fournisseurs peuvent alors avoir la confirmation officielle de cette relocalisation. Un retard dans cette formalité pourrait causer des soucis d’adresse légale et compliquer le suivi des courriers importants (par exemple des mises en demeure ou des appels d’offres).

Cession de parts sociales :

Dans une SARL familiale, la cession de parts entre associés doit être validée et officialisée. Or, beaucoup de dirigeants croient à tort qu’il suffit de signer un acte de cession. En réalité, pour que la cession ait un effet légal, il convient de mettre à jour les statuts et de transmettre le tout au greffier, afin que les registres (et éventuellement le RNE) soient harmonisés avec la situation réelle de la société. Cette précaution évite des litiges futurs sur la répartition du capital ou la répartition des pouvoirs de décision.

Conseils pratiques pour faciliter son dialogue avec le greffier

Voici quelques conseils pour optimiser votre relation avec le greffier et accélérer vos formalités :

Préparez soigneusement votre dossier :

Avant de saisir le greffe, vérifiez que vous avez tous les documents requis (Pièces d’identité, justificatifs d’adresse, statuts, PV d’assemblée, etc.). Un dossier incomplet est la principale cause de retard. Privilégiez une numérotation claire de vos documents et assurez-vous qu’ils sont signés et datés correctement.

Anticipez les délais :

Lorsque vous prévoyez de signer un contrat important, n’attendez pas la dernière minute pour effectuer une modification qui pourrait être bloquante ou rallonger les démarches. Plus vous anticipez, moins vous subirez de pression temporelle.

Communiquez efficacement :

N’hésitez pas à appeler ou à écrire au greffe si vous avez un doute. Même si les greffes sont souvent très occupés, l’envoi d’une demande structurée peut permettre de clarifier une formalité et d’éviter un aller-retour inutile. Certains greffes proposent même des services en ligne avec des chats ou des formulaires de contact permettant un suivi plus rapide.

Faites-vous accompagner :

Lors de formalités plus complexes (augmentation de capital, fusion, scission), l’appui d’un professionnel du droit (avocat, notaire, expert-comptable) peut faire toute la différence. Non seulement vous recevrez un conseil personnalisé, mais vous gagnerez un temps précieux lors des dépôts de dossiers. Si besoin, vous pouvez consulter une synthèse des démarches à effectuer via notre ressource dédiée : [Guide pratique sur les formalités de greffe].

Le coût des formalités et le budget à prévoir

Les coûts d’immatriculation, de modification ou de radiation comportent plusieurs volets : les droits de greffe, les frais de publicité au BODACC, et parfois des frais annexes (notariat, formalistes, huissiers, etc.). Les tarifs varient selon la forme juridique de la société : une SAS, une SARL ou une SCI ne paieront pas exactement les mêmes montants. De plus, la longueur de l’annonce à publier au BODACC affecte également la facturation finale.

Pour une immatriculation de SARL, parquetée dans la majorité des CFE, on compte environ entre 60 et 75 euros de droits de greffe, auxquels s’ajoutent une soixantaine d’euros pour la publicité obligatoire. Pour une modification, on se situe souvent entre 70 et 200 euros selon le type de changement. Il est donc primordial d’intégrer ces frais dans le budget global de création ou de développement de l’entreprise, afin de ne pas se retrouver pris de court. Certains entrepreneurs commettent l’erreur de négliger ces aspects et se voient surpris par des factures inattendues.

Lors de projets spécifiques (fusion, apport partiel d’actif, scission), les coûts s’élèvent plus largement, car les documents juridiques demandés sont souvent volumineux et la publicité plus conséquente. Le greffier doit vérifier un ensemble étendu de pièces, et la publication au BODACC peut prendre davantage de place. Ainsi, une fusion multidimensionnelle entre deux entreprises de plus de 200 salariés chacune pourrait dépasser plusieurs centaines d’euros en formalités.

Le greffier à l’ère de la dématérialisation

Avec la modernisation des services publics, beaucoup de démarches s’effectuent désormais en ligne. Les greffes de nombreux tribunaux ont adopté des plateformes numériques permettant de déposer les documents et de suivre l’avancement des formalités en temps réel. Cette digitalisation a indéniablement amélioré l’accessibilité aux services, tout en réduisant le délai moyen de traitement. Aujourd’hui, un changement de gérant peut parfois s’opérer en moins d’une semaine si tous les documents sont conformes et transmis par voie électronique.

Cependant, cette évolution nécessite aussi un investissement en compétences numériques et en outils informatiques. Le greffier se doit d’exercer la même rigueur dans le cadre d’une instruction de dossier numérique que pour un dossier papier. Il vérifie l’authenticité des signatures électroniques, contrôle la validité des justificatifs d’identité et s’assure que les documents transmis sont complets. Cette transition vers le numérique n’affaiblit en rien le rôle fondamental du greffier, au contraire, elle sollicite davantage d’expertise pour lutter contre la fraude documentaire et veiller au maintien du secret des données sensibles.

Pour les entrepreneurs, la dématérialisation est souvent synonyme de simplification : plus besoin de se rendre en personne au tribunal, ni de multiplier les envois postaux. Il est par exemple possible d’envoyer un dossier complet à n’importe quelle heure, de vérifier en ligne son statut et d’obtenir un retour sur d’éventuelles pièces manquantes. Et toujours, c’est le greffier qui aura le dernier mot et qui validera – ou non – l'inscription au RNE et la publication au BODACC.

Les perspectives d’évolution du métier de greffier

Les missions du greffier ont été façonnées par des siècles d’évolution du droit commercial. Aujourd’hui, face à un marché toujours plus compétitif et internationalisé, la fonction de greffier est amenée à grandir en responsabilités. Au-delà de la publicité BODACC et de la mise à jour du RNE, le greffier s’implique déjà dans des problématiques de lutte contre le blanchiment d’argent, de contrôle d’authenticité des actionnaires ou de conformité à des réglementations européennes (notamment sur la concurrence ou la protection des données).

La tendance actuelle est à la centralisation des informations et à l’interconnexion des registres nationaux à l’échelle européenne. Dans certaines opérations, un greffier français peut être amené à communiquer avec son homologue allemand ou espagnol pour valider la régularité d’un acte. De même, la coopération avec d’autres professions juridiques (notaires, avocats, experts en propriété intellectuelle) se renforce, afin de garantir un traitement complet et irréprochable des dossiers complexes.

Dans ce contexte, le greffier deviendra de plus en plus un chef d’orchestre des formalités transfrontalières et un garant de la cohérence globale des données d’entreprise. Pour les dirigeants français, cela signifie plus de sûreté dans le commerce international, mais aussi l’apparition de nouvelles formalités et exigences légales, lesquelles nécessiteront une coordination rigoureuse.

Pourquoi bien comprendre le rôle du greffier fait la différence

Si vous êtes entrepreneur, comprendre le rôle exact du greffier vous permet d’anticiper et de réussir toutes vos formalités. Au-delà du simple respect de la loi, c’est un gage de sérieux et de fiabilité pour vos futurs partenaires et vos clients. En effet, un entrepreneur qui maîtrise ses obligations légales inspire naturellement confiance : il prouve qu’il n’a rien à cacher et que son activité est menée dans un cadre juridique sain.

Saisir l’importance de la publicité BODACC et de la mise à jour du RNE, c’est aussi s’assurer une visibilité stratégique dans les affaires. Les annonces au BODACC peuvent rendre votre société plus attractive, notamment si vous cherchez des investisseurs ou si vous êtes en phase d’expansion. De plus, un Kbis et un RNE à jour permettent de fluidifier les négociations avec vos partenaires et d’éviter des refus de financement pour cause d’incohérence administrative. En fin de compte, vous vous inscrivez dans une logique « gagnant-gagnant » : vous facilitez le travail du greffier tout en sécurisant vos propres opérations.

En résumé

Le greffier est au service de l’ordre public économique et assure la neutralité des enregistrements. Des actes les plus courants (changement de gérant, modification de l’objet social) aux plus délicats (fusion transfrontalière, liquidation), il vérifie la bonne exécution des obligations légales et veille à la publicité BODACC. Il alimente et met à jour le RNE, garantissant une fiabilité et une cohérence des données pour toutes les parties prenantes.

Pour l’entrepreneur, bien dialoguer avec le greffier se traduit par une réduction des délais et des coûts : un dossier complet, transmis dans les règles, sera validé plus rapidement et sans surcharge de frais. En prime, vous bénéficiez d’une valeur ajoutée que la formalité n’aurait pas si elle était traitée de manière désorganisée. Votre entreprise gagne en crédibilité, en sécurité juridique et en transparence auprès de tous ses interlocuteurs.

J’espère que cette exploration détaillée du rôle du greffier vous sera utile dans votre vie quotidienne d’entrepreneur. En satisfaisant aux impératifs de publicité au BODACC et de mise à jour du RNE, vous participez activement à la fiabilité de l’environnement économique. N’hésitez pas à partager vos retours d’expérience ou à faire appel à des experts si vous rencontrez des complexités particulières : l’objectif demeure de simplifier vos démarches et de vous permettre de vous concentrer sur votre cœur de métier. Le greffier est là pour vous accompagner dans ce parcours, avec la rigueur et l’expertise indispensables à la prospérité de votre projet.

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